Du côté des pros - Christophe PIGNOL (Soccer plus Gémenos) : « Ne pas inscrire le Foot5 dans un excès de compétition »


Publié le Lundi 9 Mars 2015 à 05:06


Il a été l'un des précurseurs du Foot5 en France. En quête de reconversion, Christophe Pignol a choisi de lancer en 2007 le Soccer Plus de Gemnos, dans sa région natale. Sept ans plus tard, le complexe existe toujours et l'ancien professionnel de Saint-Etienne, Nantes, Lille et Monaco entre autre a fait école, entraînant dans son sillage bon nombre d'anciens pro, comme lui, dans la voie du Foot5. Rencontre...


Christophe Pignol, ici en compagnie de Jean-Pierre Gruppi, avec qui il avait fondé le Convi'Five...
Christophe, avec le recul, pense tu toujours que c’était une bonne idée de te lancer dans le Foot5 en 2007 ?
Bien évidemment. Je ne regrette pas du tout ce que j'ai fait, d'autant plus que l'évolution du Foot5 foot à 5 me donne raison et que beaucoup se sont lancés dedans depuis. Quand je me suis lancé, il y a avait une quinzaine de complexes en France. Aujourd’hui, il y en a plus de 250. En termes de reconversion, pour un joueur pro qui a fait carrière, c'est une bonne chose. Ça permet de rester dans un contexte foot, et en même temps de créer sa propre entreprise.
Qu'est-ce qui t-a donné envie de te lancer à l’époque ?
Déjà, il fallait que je trouve quelque chose à faire puisque je n'ai malheureusement pas gagné assez d'argent dans ma carrière pour jardiner tous les jours rires). Plaisanteries mises à part, il me fallait un challenge. J'ai eu un arrêt de carrière puisque je suis tombé malade et je ne m'étais pas du tout préparé à l'après. Il y a huit ans environ, on m'avait beaucoup parlé du jorky, notamment dans les grandes villes. Je me disais que le concept était bon, sauf que je pensais déjà plus à du 5 contre 5. Je me suis tout simplement positionné comme un passionné de foot en me disant que si j'avais envie de jouer avec des potes, j'aimerais que ça soit dans des structures confortables, avec de bonnes installations et un club-house pour boire une bière. Je me suis renseigné pour savoir ce qui existait déjà et je suis allé visiter tous les complexes déjà en place. J'ai fait une synthèse de tout ce que j'ai vu et je me suis dit qu'il n'y avait pas de raison pour que ça ne marche pas dans la région de Marseille, que ça pouvait être une bonne idée pour tous les passionnés de foot qui en avaient ras le bol des mauvaises installations, des compétitions, et qui voulaient se retrouver entre amis.

Le Soccer Plus de Gemenos, ouvert en 2007...

« S"appeler Cocard, Casagrande ou Pignol ne suffit pas... »

Christophe Cocard , ton « voisin » a décidé de vendre ses parts à Salon pour repartir sur un nouveau projet à Nîmes. Tu comprends ?
Je connais bien Christophe. On se rencontre de temps en temps et on fait même des rencontres amicales à Salon et à Gémenos. Je connais bien son approche et je pense qu'il a raison. On est des structures indépendantes. Les grosses franchises, elles, ont bien plus de moyens que nous et peuvent se permettre de faire des complexes avec dix ou douze terrains. En tant que petites structures, il est évident que l'on stagne. On ne peut pas développer le chiffre d'affaires. Avec Christophe, on était un peu dans la même configuration, avec deux terrains intérieurs et un extérieur qui sont pris toute l'année. Donc, il n'a pas tord quand il dit que l'on ne peut pas aller plus loin.
Et ton ami Dominique Casagrande s’est retiré du Business à Brignais… Tu es presque « le dinosaure du Foot5 » désormais. Tu te sens vieux et dépassé ?
(Rires). Non, du tout. Je connais également bien le parcours de Dominique. Quand il a monté son projet près de Lyon, il s'est aussi appuyé sur ce que j'avais fait puisqu'on se connaît bien. Lui était dans une configuration un peu différente car sa structure était beaucoup plus grande que la mienne. Pour que les franchises soient intéressées par un rachat de complexe comme ce fut le cas pour le sien*, il faut avoir un minimum de terrains pour que ça soit avant tout rentable. De mon côté, je suis dans une approche un peu différente. Je ne me considère pas comme un businessman. C'est juste une entreprise familiale, où je travaille avec mon frère, sans contraintes particulières. Je n'ai pas changé d'objectifs et on veut garder ce côté convivial. Mon grand plus plaisir reste de voir les gens de toute générations qui viennent passer un bon moment ensemble. Mais si on raisonne purement business, je rejoins Christophe qui dit que deux terrains ne sont pas rentables.
En tant que précurseurs dans le domaine, ca doit quand même te faire plaisir d’avoir été imité par d’autres anciens pros ?
Bien sûr, j'ai renseigné avec plaisir beaucoup de gars qui ont voulu se lancer. Je savais qu'ils étaient en instance de reconversion. Il faut aussi se dire que ce n'est pas une activité que l'on fait en claquant des doigts. C'est un vrai boulot, ou le fait de t’appeler Pignol, Cocard ou Casagrande ne suffit pas. Il faut donner de ta personne, être là physiquement. Car les gens viennent aussi pour toi. Je suis content pour ceux qui ont réussi et que j'ai conseillé.

Avec Nico Dieuze, Christophe Cocard et Laurent Castro, tous reconverti dans le Foot5...

« La clé de la réussite est l'investissement personnel »

Quelles sont les principaux principes à respecter pour espérer réussir ce type de métier selon toi ?
Il faut être investi à 200%, et essayer d'anticiper les choses. Si ton complexe est confortable et propre, la clientèle suit. Moi, je l'ai fait un peu au feeling. En tant qu'ancien pro, il faut bien se dire qu'on rentre dans le monde de l'entreprise et que la clé de la réussite est l'investissement personnel.
Etre issu du monde du foot pro est quand même un avantage dans ce business ?
Oui et non. Quand j'ai créé mon complexe, chaque terrain avait des dimensions différentes. C'est moi qui avais pensé à ces tailles-là. Je l'ai fait encore une fois au feeling, en me demandant sur quelles dimensions j'aurai eu envie de jouer si j'étais client. Effectivement, ça m'a aidé d'être un ancien footeux, car je sais que telle ou telle chose, comme si la taille des cages va plaire par exemple. Au niveau de l'approche de la pratique, ça aide aussi. On rencontre des gens qui parlent foot et qui viennent pour te voir. On aime bien savoir ce que pense Christophe Pignol du dernier match de l'OM. Mais ça n'aide pas d'avoir été pro dans la gestion de l'entreprise. A la base on n'est pas des businessmen. Quelqu'un comme Dominique Casagrande avait déjà des sociétés et des magasins de fringues. Il avait donc déjà cette fibre entrepreneuriale. Pour ma part j'ai débarqué là-dedans sans savoir comment on créait et gérait une entreprise. J’ai donc appris sur le tas.
Si tu devais raconter ton quotidien de gérant de complexe, ça serait quoi ?
Il faut déjà y être toute la journée (rires) ! Je ne te cache pas quand même que depuis quelques années, même si j'y suis assez souvent, j'ai pris un peu de recul. Pendant cinq-six ans, avec mon frère, on était présents du matin au soir. On faisait nous-même le ménage, on nettoyait les vestiaires et les terrains, on commandait les boissons… Une fois que l'affaire est partie, on a réussi à embaucher une personne, puis à signer un contrat de nettoyage avec une société. L'erreur que font les gens aujourd'hui est de croire qu'en ouvrant un Foot5, tous les terrains vont être pris d’assaut. Désormais, je vais surtout au Soccer Plus pour m'occuper de toute la paperasse ou de la location des terrains entre midi et deux. Le soir, par contre j'aime bien rentrer chez moi. Je ne reste plus jusqu'à 23 heures.

A Tignes, en 2013, avec les gérants de l'association Convi'Five....

« On va s'éloigner de ce qui fait la force des complexes... »

Tu as été un de membres fondateur du Convi’Foot, que tu as longtemps présidé. Comment es né ce mouvement et pourquoi t-y es-tu engagé ?
C'est très simple. Quand j'ai monté mon projet, j'ai été aidé par Jean-Pierre Gruppi qui était à l'époque conseiller auprès des joueurs en reconversion. En même temps, il y avait Cyril Grand, du Five de Montpellier, qui est toujours dans le Convi'Five. Autour d'une conversation, comme on était tous les trois sur la même longueur d'ondes concernant l’esprit qui doit régner dans le Foot5, on s'est dit que l'on pouvait créer une association pour fédérer quelques complexes. Ainsi est né le Convi’Foot. Puis des tournois entre complexes ont vu le jour. On allait à Gemenos, à Saint-Etienne ou à Montpellier. Le tout, avec un bon état d'esprit. J'ai été le président de départ avant de me retirer.
Pourquoi avoir démissionné dernièrement ?
Tout simplement parce que j'ai trouvé que ça prenait trop d'ampleur et que je n'avais plus le temps de m'en occuper correctement. Je serai volontiers resté si je m'y étais investi à fond. Jean-Pierre le sait très bien. A un moment, j'ai été dépassé. Je recevais des infos à droite à gauche et je n'étais plus au courant de tout. J’ai préféré me retirer, même si mon complexe reste adhérent à Convi'Foot. J'aspirais aussi à faire autre chose. Je travaille désormais un peu pour BeIn Sports et OMTV.
La FFF a fait son arrivée dans la discipline. Ton avis ?
Je suis un peu mitigé. Je trouve que c'est une bonne chose pour donner une reconnaissance au Foot5. Cependant, je pense qu’il ne faut pas inscrire la discipline dans un excès de compétition. Je reste persuadé que ce qui en fait sa force du Foot5 est l'absence de cet esprit de compétition du foot traditionnel. Malheureusement, quand on va attaquer les championnats nationaux, avec des lots à gagner, on va retomber dans les travers du foot à 11. Et puis ça ne colle pas avec ce qu'attendent les joueurs au niveau de l'état d'esprit. En interne, j'organise des championnats. Mais il n'y a rien à gagner, ni à perdre. Les gens viennent juste s'amuser une fois par semaine. Je crains un peu que l'on dérive vers un aspect trop compétitif avec cette arrivée de la FFF. Je pense que l'on va s'éloigner de ce qui fait la force des complexes...

Champion de France 95 avec le FC Nantes, peut-être la plus belle équipe française de tous les temps en terme de jeu...

« Il faut aller chercher une autre clientèle »

Et sur le couac du week-end de l’annulation des premières étapes du National Foot5 ?
Je n'étais pas au courant. Mais j'ai soulevé le problème quand les responsables d'UrbanSoccer m'ont appelé pour faire l'étape chez moi. Je leur dit qu'à partir du moment où ils organisaient ce type d'événement, il fallait un certificat médical. Je pensais qu'ils allaient délivrer les licences à travers la FFF, afin que les joueurs soient aptes à la pratique du sport. J'ai essayé de joindre le responsable de l'étape qui est prévue le 15 mars au Soccer Plus de Gémenos. Car de notre côté, on n'a pas assez d'équipes pour l'instant. Je ne sais pas comment ça va se passer.
Selon toi, quel est l’avenir du Foot5 en France ?
Sur la pratique du Foot5 en elle-même, je pense que nous avons déjà franchi un grand pas quand même avec la reconnaissance par la FFF. En ce qui concerne les complexes, on est sur des franchises qui prennent des parts de marchés. Eux seront dans la compétition, et pourront évoluer grâce aux championnats. A l'inverse, pour les petits complexes comme le nôtre devront passer par de la diversité. Il faut aller chercher une autre clientèle, proposer autre chose si on veut tenir bon. Par rapport à l’Allemagne ou l’Angleterre, on est en retard dans le sens où beaucoup de leurs structures proposent du multi-activités. Ce sont des vrais lieux de vie, où les gens viennent en famille. La femme fait du fitness pendant que le ganin et le père font du Foot5…
Tu dirais quoi à un jeune pro en quête de reconversion qui viendrait te consulter pour ouvrir un complexe dans sa région natale ?
On me pose souvent la question, et ma réponse est très simple. Il y a trois ou quatre ans, je disais souvent que c'était un bon créneau et que c'était une bonne idée de reconversion. Je ne tiens plus le même discours aujourd'hui. Même si je garde le même avis, je prends en compte l'aspect financier. Les complexes sont de plus en plus rapprochés et il y a davantage de concurrence. Il faut donc vraiment bien définir sa situation géographique et faire attention à bien gérer ce gros investissement.

Propos recueillis par Matthieu Fédida

Christophe PIGNOL
Né le 15 octobre 1969 à Aubagne
Parcours : AS Saint-Etienne, FC Istres, FC Nantes, AS Monaco, Lille OSC
Poste : Arrière latéral gauche, 236 matchs pros, dont 178 en L1 (5 buts)
Palmarès : Champion de France 95 (FC Nantes) et 2000 (AS Monaco)

SCCER PLUS Gémenos
D8N
13420 - Gémenos
Tél : 04 42 32 65 90

INSTALLATIONS
- 1 Terrain outdoor de 5 x 5 ou 6 x 6
- 2 Terrains indoor de 5 x 5
- 1 Terrain indoor de 3 x 3
- 1 Terrain indoor de 2 x 2
- 1 Terrain de tennis-ballon

Une deuxième fois champion de France avec l'AS Monceo en 2000...

Désormais pro... du Foot5 !












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