Eco&Média - Hugues BERTAGNOLIO, le PIONNIER tire sa révérence...


Publié le Lundi 22 Décembre 2014 à 07:46


Il a été le vrai premier du Foot5 en France, celui qui a amené la discipline d'Angleterre en 1998, au parc des Expo de Rennes. Hugues Bertagnolio va tirer sa révérence le 1er janvier, après avoir cédé son complexe de Cap Malo au groupe UrbanSoccer. 5foot5 a tenu a le rencontrer, pour revivre en sa compagnie ses seize années de ballon indoor en mode cages basses et connaitre sa vision sur l'évolution des choses...
On peut l'affirmer, si Hugues ira probablement jouer au golf en janvier, sous réserve que le ciel de sa chère Bretagne le lui permette, il ne sera jamais très loin du Foot5. En atteste l’enthousiasme intacte, transpirant de passion, des lignes qui suivent...


Après seize ans, Hugues Bertagnolio va tirer sa révérence du Foot, dont il a été le premier en France à le proposer (crédit photo Ouest-France)
Hugues, tu as dû toucher un beau chèque en cédant ton complexe de Rennes à UrbanSoccer ?
Désolé, nous resterons très discret sur le sujet (rires). Mais effectivement je te confirme que le groupe UrbanSoccer a repris l'intégralité de mes parts à Rennes depuis le 1er septembre. Je reste présent en accompagnement jusqu'à la fin de l'année.
Plus sérieusement, tu avais imaginé une telle sortie en 98, quand tu as monté le premier complexe de Foot5 du pays ?
Non bien évidemment. Nous étions les précurseurs à l'époque et il y avait tout à faire. Mais je ne pensais pas que l'aventure serait si longue ni son issue bien sûr.
Comment t’es venue l’idée ?
Elle m'est venue du Five a Side en Angleterre qui était déjà bien développé à l'époque avec des groupes existants comme PITZ ou encore POWERLEAGUE. Notre projet était à l'époque de créer un centre outdoor comme là-bas.
Mon associé venait d'ouvrir un circuit de karting et nous avions envisagé la création de terrains de soccer extérieurs à côté. Heureusement le projet n'a pas abouti faute de financement. Nous avons alors changé nos plans et construit des terrains couverts au sein du Parc Des Expositions de Rennes. Nous avons investis 500.000 francs pour quatre terrains de de soccer et quatre de Bad.

On a dû te traiter de fou à l’époque...
Oui, forcément. L'idée était osée et faire payer pour jouer au foot encore inhabituelle. Cependant, très vite, nous avons trouvé un public et une clientèle fidèle. Rennes et une ville très dynamique, avec une forte population d'étudiants, toujours avides de nouveauté. D'ailleurs de nombreux clients aujourd'hui me rappelle qu'ils ont débuté le soccer à cette époque, pendant leurs études.

Le Soccer5 de Cap Malo est resté fidèle à l'esprit des pionniers en conservant ses cages basses, sensées favoriser le jeu...

"Les résultats financiers négatifs et ont failli couper court à notre aventure..."

Comment s’est passé le démarrage ? Quelles les réactions des clients qui découvraient ?
Nos infrastructures étaient déjà relativement qualitative à l'époque car les bâtiments du Parc Expo étaient tout à fait adapté, grands et sans poteau. Nos terrains en gazon synthétique et clôturé ont vite crée le buzz. Notre dynamisme auprès des entreprises, des bars, des étudiants, accompagné de l'effervescence autour de la Coupe du Monde 98, ont également contribué à notre démarrage auprès de notre clientèle.
Y-a-t-il eu des moments de doutes ou de découragements les premières années d'exploitation ?
Oui, très vite notre exploitation a trouvé ses limites au Parc Expo, car nous devions démonter nos terrains deux fois i[par an (40 tonnes de matériel). Même le bar devait être démonté, les vestiaires étaient en ALGECO... Bref, la perte d'exploitation ajouté à la difficulté de ces démontages et remontages a fortement douché notre enthousiasme, d'autant plus que les résultats financiers étaient négatifs et ont failli couper court à notre aventure. Mais la bonne fréquentation de notre établissement et notre succès auprès des Rennais nous a permis de trouver des solutions pérennes avec le Parc Expo, qui a construit un bar et des vestiaires en dur. Nous avons investi dans un cinquième terrain et négocié un seul démontage par an au lieu de deux. Nous avons enfin trouvé l'équilibre financier à partir de la 3ème année. Ce fût alors la deuxième étape de notre aventure.
Des erreurs que tu as commises avec le recul ?
Oui. Le foot à 5 étant difficile à développer à l'époque du fait de l'emprise foncière nécessaire, j'ai ouvert à Brest avec un associé le premier complexe de foot à 3 avec six terrains de 10x15 mètres. Cela fût un échec énorme. Au grand mérite de mon associé Jean Michel Abiven, le centre de Brest existe toujours et nous avons transformé les terrains de 3x3 en deux terrains de foot à 5.

Avec Cédric Guelle, dirigeant historique du Groupe Soccer5, qu'il a rejoint en 2012...

"J'ai été ravis de voir de premiers confrères arriver..."

Qu’as-tu pensé quand tu as vu que d’autres t’emboitaient la pas dans le foot à 5 ?
En toute honnêteté j'ai été ravis de voir de premiers confrères arriver, notamment Victor (Augais) et Nicolas (Warter) à Paris qui ont créés Urban Football en 2004. J'étais convaincu qu'une enseigne parisienne allez permettre une notoriété et un développement de la discipline.
S’il y a eu un grand virage dans la discipline, quel est-il et quand a-t-il eu lieu selon toi ?
Il a eu lieu à mon sens il y environ cinq ans avec un développement très anarchique du marché : deux enseignes majeures Urban Football et Soccer5 se sont développées de façon très professionnelle en structurant un vrai réseau, et l’arrivée de grands noms du football sur des sites très qualitatifs tels que les Z5 ou le Club42, en plus d’une multitude d’indépendant avec des projets beaucoup plus modestes. Désormais, plus de 200 complexes sont répertoriés. La tendance actuelle semble aller vers de gros complexes urbain et plus multisports (Padel, Bad …) dans les villes plus petites.
Tu as démarré comme indépendant avant de te rallier au groupe Soccer5. Pourquoi ?
J’ai connu Julien (Falgoux) et Cédric (Guelle) à leurs début, en 2004. J'étais à l'époque et sans prétention la référence. Nous nous étions peu d’acteur et nous avons très rapidement eu un très bon feeling. Nous nous sommes rapidement fédérés de façon officieuse autour de l'enseigne Soccer5, avons développé ensemble un outil informatique et fédéré des partenaires tels que Powerade ou Umbro. Bref, cette amitié allait se concrétiser en 2012 avec leur entrée au Capital de mon complexe de Rennes.
Qu’est-ce qui a changé pour toi à partir de ce moment-là ?
J'ai toujours gardé une très grande autonomie dans mon travail et dans la gestion de mon centre. Mes nouveaux associés n'ont jamais été très intrusifs.

"Il était devenu difficile pour moi de trouver ma place dans le vaste projet qui réunit Soccer5 et Urban Football..."

Avec le recul, quelle période as- tu préféré ? Celle en tant qu’indépendant ou celle avec Soccer5 ?
Forcément, la période du début, en tant qu'indépendant, fut la plus intéressante, même si elle fut fastidieuse. Il y avait tout à créer et notre imagination était débordante : des championnats, des tournois, des anniversaires, des nuits du foot, House Soccer avec DJ... Bref, rien ne nous arrêtait ! Aujourd'hui, notre activité est beaucoup plus structurée. C'est normal.
Que penses-tu avoir le mieux réussi dans ton complexe ?
Avec le recul, je pense avoir été plutôt chanceux. Après les débuts laborieux au Parc Expo, nous avons eu l'opportunité d'investir sur un bâtiment neuf et de construire un complexe parfaitement adapté à notre activité, sur une nouvelle zone de loisir de Rennes, Cap Malo. En 2006, nous avons donc délocalisé notre activité et trouvé un nouveau souffle sur un site de grand standing (6 terrains indoor, 2 outdoor, 4 vestiaires, bar panoramique). En résumé un vrai centre, qui est et reste à mon sens un des plus beaux des plus beaux du pays et qui nous a permis de convertir nos années de bricoles au Parc Expo en une véritable entreprise.
Pourquoi avoir choisi de vendre dans ces conditions ?
La récente fusion entre Urban Football et Soccer5 a forcément modifié les choses. Il était devenu difficile pour moi de trouver ma place dans le vaste projet qui les réunit désormais. Nous avons donc trouvé un accord qui, je le crois satisfait, les deux parties.

"Plus de 650 équipes ont participé à nos League pour plus de 400.000 buts inscrits..."

Tu as donc passé seize ans dans le Foot5. En quoi a-t-il le plus évolué ?
Désormais, la pratique du Foot5 est complètement reconnue et les joueurs sont de plus en plus jeunes. Les marques investissent dans la discipline et la FFF cherche se rapprocher des complexes. Ce sont des évolutions majeures !
Et le business modèle, a-t-il beaucoup changé depuis tes débuts en 98 ?
Oui, effectivement. Nous avons développé une réelle pratique auprès des enfants via les anniversaires, les stages ou encore les écoles de Foot. Les entreprises s'intéressent de plus en plus à la pratique et les annonceurs nationaux présents désormais dans nos structures concrétisent cette crédibilité. Désormais plus de deux-cents complexes existent et les équipementiers conçoivent des produits spécifiques (Ballons, chaussures...) Le foot indoor est une vraie pratique au service d'un vrai business désormais.
Et côté pratiquants, en quoi les mentalités ont-elles le plus changées ?
Je pense que la pratique du soccer ou du foot indoor est devenue une vrai discipline pour de nombreux pratiquants. Les différentes compétitions organisées à l'echelle nationale (Kia Cup, Carrefour Cup...) ont forcements amenées un public plus jeunes et plus compétiteurs dans nos complexes.
Tu n’as jamais semblé être un acharné des tournois et autres ligues...
Détrompe toi ! Les league font partis de notre stratégie depuis le départ. Nus avions débuté nos premiers championnats avec douze équipes... nous en avons cent-cinquante inscrites aujourd’hui. Nous sommes le numéro 1 dans ce domaine, avec l'UranSoccer de Meudon. Tiens, notre dernier stagiaire à mis à jour les statistiques des League depuis leur création à Rennes : près de six-cent-cinquante équipes différentes ont participé à nos championnats depuis leurs créations et plus de 400.000 buts ont été inscrits. Le record de but est détenu par l'AMAC 35 qui a participé à toutes nos épreuves depuis 1998 a inscrit plus de 8.000 buts et... la moitié des joueurs actuels était dans l'équipe a ses débuts (rires).

Le FC Goal, vainqueur de la Ligue 2012 su Soccer5 de Cap Malo...

"Je n'ai pas convaincu grand monde avec mes cages basses..."

Pourtant, il semble que l’on s’achemine vers un fonctionnement à deux vitesses avec d’un côté les loisirs et de l’autre les compétiteurs. Ton avis sur la question ?
Je pense qu'il faut effectivement trouver un bon équilibre entre ces deux clientèles et leur offrir la possibilité de pratiquer le soccer dans les meilleures conditions. La compétition est la plus difficile à encadrer et il ne faut surtout pas tomber dans les travers du foot à 11. C'est notre travail au quotidien que de préserver un état d'esprit convivial sur les terrains, tout en offrant ce petit plus qu'est la compétition et que tout footballeur recherche malgré tout.
Quel conseil donnerais-tu aujourd’hui à un porteur de projet qui voudrait se lancer ?
Oups... beaucoup de courage bien sûr et surtout de l'imagination. Car aujourd'hui, pour ce distinguer de la concurrence , il faut être très créatif. Et bien évidement ne pas compter ses heures. Il faut aussi savoir être très réactif et s'adapter à la demande d'une clientèle très variée. C'est ce qui fait la force de notre concept.
Que lui dirais tu de ne surtout pas faire ?
Probablement de ne pas faire de terrain démontable ni de 3 contre 3 !
Avec toi, les cages basses vont disparaître du paysage français ?
C'est mon associé de l'époque qui avait insisté pour que nous conservions le concept anglais et donc les buts de taille basse. Je reste convaincu que c'est l'idéal pour la pratique du jeu réduit. Mais je n'ai pas convaincu grand monde dans ce sens (rires). Seul Simon Orhand au Soccer Center de Vitré et Luc Deletang et Pascal Kurth au Soccaroo d'Angers m'ont imité.

Hugues va tourner le dos au Foot5 pour le golf... si le temps le permet en janvier en Bretagne, ce qui n'est pas gagné d'avance !

"La différence est que je devrais payer mes bières après les matchs..."

Allez, c’est quoi la configuration de jeu idéale pour toi (dimensions terrains, cages, type de ballon…) ?
Les grands terrains tels que nous les proposons à Rennes (35x20), les buts bas (4,40x1,20) et les ballons lestés sont la quintescence du foot indoor en France... mais celà n'engage que moi !
Qu’est ce qui va le plus te manquer au quotidien quand tu en auras terminé ?
Certainement de cotoyer les joueurs. Beaucoup sont devenus des amis au fils du temps et travailler dans le loisir est un vrai luxe : les clients sont toujours contents de venir et te le montre. Mes collaborateurs aussi me manqueront car eux aussi ont largement contribué à la réussite de notre entreprise. Nous formions une véritable équipe.
Tu vas faire quoi le matin du 2 janvier en te levant ?
Je vais me dire que le temps a passé bien vite mais que c'était une belle aventure. J'irais probablement jouer au golf mais la météo n'est pas idéale à cette époque de l'année (rires)
Et dans le prochains mois, tu as une idée de ce que tu vas faire ? Des projets ?
Pour l'instant, je n'ai rien de très concrets. J'espère reprendre une entreprise ou un commerce qui me conviendra et dans lequel je m'épanouirais avec autant d'enthousiasme.
Tu es sûr que c’est définitivement fini le Foot5 pour toi ?
Je resterais avant tout un fervent pratiquant. La différence est que je devrais payer mes bières après les matchs.
Le mot de la fin pour toi…
Merci d'avoir pensé à moi pour cette ultime interview. C'est pour moi l'occasion de saluer l'ensemble de la profession et de souhaiter bon courage à tous...

Propos recueillis par Denis Dupont

Hugues BERTAGNOLIO
Né le 22 mars 1969 à Carentan (50)
Marié, 2 enfants : Lucas (9 ans), Capucine (13 ans)
Parcours professionnel : Ecole de commerce à Rennes (rencontre Christophe Martin, associé de départ) puis commercial dans l'industrie graphique et machine d'emballage de 1994 à 1997. Ouverture du Soccer en 1998
Parcours sportif : Sport Etude football au collège à Brécey (50), Cadets nationaux à Saint Lô (50), CS Carentan (DH), Corpo le Karting Football Club (KFC). Joggeur (Sainté-Lyon en 2013, semi-marathon)

Un jubilé à l'image du "bonhomme", avec le cercle des fidèles...

... Un cercle quand même élargie pour l'occasion...











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